XXème Rencontre de Martel : Geneviève Azam et le retour des communs

Conférence donnée par Geneviève Azam

le 9 mai 2015 au palais de la Raymondie

dans le cadre de la vingtième Rencontre de Martel

 

Retour des biens communs,

De l’économie marchande à la société du partage ?

Ce texte est un compte-rendu subjectif du secrétaire-adjoint de la section (jcb).

Le ton varie au cours du texte, c’est involontaire, vraisemblablement, il suit le ton de G. A.

La richesse du discours de G. A. a amené le rédacteur à largement user des notes de bas de page : elles permettent d’alléger le texte principal tout en explicitant certaines références et allusions de la conférencière. Ces notes font partie intégrante du rapport.

Les notes d’humeur signées jcb n’engagent que jcb !

Version provisoire non revue par G. A.

Ce nouveau logiciel du blog est un peu têtu et ne fait pas toujours ce que je veux.

Dans une brève intervention, Patricia Monteil, membre de la section, présente la conférencière, maître de conférences à l’université Toulouse II et membre du conseil scientifique d’ATTAC, rappelle son précédent passage à Martel en 2011 sur la question « Que faire avec une seule Terre ? ». Elle rappelle également la projection à l’Uxello de Vayrac le 6 mai du film-documentaire « Nature, le nouvel eldorado de la finance » qui, dénonçant la scandaleuse marchandisation du vivant, constituait une excellente introduction à la conférence qui commence alors.

tribune

Le sujet : les biens communs, les communs, la société du partage.

Dans ces domaines, deux points viennent directement à l’esprit :

  •  la commune, les communes : le « lieu de base d’exercice de la démocratie » en France. Mais la tendance actuelle est de regrouper ces communes en invoquant des raisons économiques : cela éloigne le pouvoir des citoyens au profit de communautés[1] de communes dont les instances sont des élus au second degré.
  •  La Commune, de Paris, de Narbonne (pour les plus connues, d’autres ont existé, en particulier dans le Sud-Ouest). Elles ont été des cadres de luttes par lesquels le peuple a cherché, après la chute du second Empire, à se réapproprier le pouvoir. Elles sont à ce titre largement occultées par la tradition centralisatrice de notre pays.

Un essai de définition à présent. Tout ce qui tourne autour du mot valise « commun » résonne très fort, et depuis longtemps, dans notre pays, et ressurgit en force des temps-ci.

 Ce qu’ils ne sont pas

Ces biens communs ne sont pas nécessairement des biens matériels ; ils ne sont pas non plus ce qu’on entendait dans l’Antiquité ou dans le Moyen-Âge européen par le Bien Commun de l’humanité, des notions qui étaient du domaine de l’éthique ou du religieux, en opposition au Mal, qui reste à définir. Ce grand concept a été repris récemment par le président Bush (père) au sujet de l’Amazonie qu’il a généreusement attribuée à l’humanité. Mais ce « poumon de la Terre » ne pouvait ainsi être soustrait aux populations qui essaient d’y vivre, s’emploient à l’entretenir et luttent pour le préserver des appétits des « investisseurs »[2].

Les communs selon le code de Justinien (527-565)

Ces « communs » en fait ont été théorisés à la fin de l’empire romain dans le code de Justinien en fonction de la nature de leurs propriétaires :

  •  Les res nullius (la chose de personne[3]), des biens de peu d’importance, qui n’appartiennent à personne mais dont tous les citoyens peuvent user
  •  Les res privatae qui sont des biens privés
  •  Les res publicae qui appartiennent à l’État (comme les routes, pardon les voies publiques, …)
  •  Les res communis recouvraient essentiellement les biens naturels, comme l’air, la mer, l’eau… qui n’appartiennent à personne et sont inappropriables.

Le mouvement des enclosures

Les premières attaques majeures contre ce modèle ont été perpétrées en Angleterre entre le XIIIe et XVIIIe siècle, en particulier dans le mouvement des enclosures qui a vu la campagne anglaise se couvrir de barrières et de haies. C’était la fin des droits d’usage des communaux (vaine pâture, glanage,…), le développement de l’élevage intensif, la naissance de l’industrie grâce à la main d’œuvre chassée de la campagne par ces appropriations[4]. Pour beaucoup, cette privatisation des communs, basée sur la spoliation et axée sur le productivisme, marque la naissance du capitalisme : pour Marx dans ce processus d’accumulation primitive, pour Polanyi[5] dans un processus d’appropriation-expulsion, une des bases de l’idéologie libérale.

Dans notre pays, cette politique agricole privée[6] a provoqué dans les campagnes de fortes réactions, comme en Ariège la « guerre des demoiselles » autour des années 1830. Mais ces grosses résistances ont été largement occultées, ou considérées comme des luttes archaïques contre le progrès. Globalement, même à gauche, le processus a été, sinon approuvé, au moins accepté comme un mal nécessaire, un passage obligé vers le progrès.

À la fin du XVIIIe siècle toutefois, les « communs[7] » conservaient une grande importance, ils étaient gérés et utilisés selon des règles précises ; les privatiser serait une appropriation indue : les communs appartiennent à une communauté. Une idée que certains voient à la base des mouvements ouvriers.

Mais, des années 1870 aux années 1980, le terme va quasiment disparaître, et la question de la propriété va s’enfermer dans le dilemme privé-public. Surtout dans la France jacobine où la propriété étatique est un gage d’égalité. C’est ainsi que le monopole public EDF a été constitué à la Libération à partir de multiples régies municipales d’énergie. Pendant les Trente Glorieuses, quelques dégâts ont résulté de ce choix, mais ils ont été rapidement oubliés, d’autant plus que les conquêtes sociales de ces années ont été souvent associées à ce mode de gestion. Aux États Unis, cette période a été également très féconde en grandes décisions prises au niveau fédéral, en particulier dans le domaine de l’écologie : interdiction du DDT, les lois[8] sur l’eau pure, l’air pur, …

« La tragédie des communs »

Le concept de « communs » est en fait revenu sur le devant de la scène aux États-Unis avec la parution en 1968 d’un article de Garrett Hardin « La tragédie des communs ». De façon très négative car, se basant sur l’exemple d’un village d’éleveurs, pour lui il « ressort que la gestion commune des ressources naturelles serait inefficace et engendrerait un épuisement rapide des richesses, du fait de l’augmentation de la population et de la présence de « passagers clandestins » qui profitent des biens disponibles sans s’acquitter des devoirs envers la communauté. Selon cette vision, les communs sont des ressources en libre accès, sans règles, menacés car soumis à la convoitise de l’homo œconomicus, individu radicalement asocial, profiteur, préoccupé de son seul intérêt personnel. »[9] Devant cet inexorable gaspillage des communs, Hardin ne voit que deux solutions : soit leur prise en charge par l’État, soit leur passage en régie privée.

Les néo-libéraux, venus aux affaires avec Thatcher (1979) et Reagan (1981), ont évidemment voulu voir dans ce texte un justificatif[10] à leur frénésie de privatisation et d’accaparement de toutes les sources potentielles de profit. Cette vague d’appropriation a été considérée comme le « second mouvement des enclosures », un mouvement marqué par un événement emblématique, la prise de brevet pour la première fois sur le vivant, sur une bactérie. Dans le même temps, l’économiste alors « mainstream » Elinor Ostrom[11] parcourait la planète, de la Suisse au Japon, pour étudier les structures communes quelques fois multiséculaires. En bonne économiste néo-classique, elle avait voulu comparer pour divers domaines les mérites des différents modes de gestion, et elle a dû constater que, en particulier dans les domaines de l’eau, de la forêt,… bref de la Nature, la gestion commune est la plus efficiente. Ainsi elle s’est éloignée de son champ d’origine et a contribué au développement de nombreux travaux théoriques sur les « communs ».

G.A. reprend alors, avec sa passion humaniste qui gagne la Raymondie, les étapes de l’appropriation du vivant par les intérêts privés, pour elle un « choc anthropologique ». En premier lieu, les brevets sanctionnaient jusqu’alors (en 1980) des inventions, fruits de l’imagination humaine et non pas des découvertes[12]. Et surtout, les brevets s’intéressaient à de l’inerte, alors qu’ils portent maintenant sur du vivant dont on espère tirer un profit ; ils touchent ainsi à un tabou, la vie.

 Les semences comme bien commun

L’exemple des semences est particulièrement brûlant, car il s’agit de la capacité pour l’humanité de se nourrir. (L’incontournable) Monsanto et ses seconds cherchent à s’approprier tout ce bien commun, les semences[13], et le savoir acquis par les paysans pour les améliorer au cours des âges. Plus que cette spoliation, les mêmes semenciers n’hésitent pas à même réduire l’offre, au mépris de la biodiversité, ce qui pourrait s’avérer un jour catastrophique[14].

L’économie de la connaissance

 Ce savoir ancestral (de l’intérêt de la biodiversité) est une des connaissances qui, comme bien d’autres dans d’autres domaines, est désormais un bien économique. Or, le b.a.-ba de l’économie est qu’un bien économique doit être rare ; mais la connaissance est abondante[15] ; donc il faut la rendre rare ; et pour cela il faut instituer des NDPI, les Nouveaux Droits de Propriété Intellectuelle, qui touchent en particulier le vivant. Alors que la connaissance est le bien commun par excellence : lorsqu’on donne de la connaissance, non seulement on ne la perd pas, mais encore on enrichit ses proches, et on s’en enrichit en retour. Hélas, à l’encontre de cette évidence, se développe aux USA une nouvelle pratique par laquelle de grandes universités tirent une partie importante de leur financement : elles déposent des brevets sur le savoir qu‘elles dispensent, et cela même pour les connaissances de base les plus fondamentales. Et évidemment, ces pratiques arrivent en France.

Mais cette tendance entraîne des réactions, en particulier chez des chercheurs qui mettent leurs travaux en « open source[16] », de manière à ce qu’ils soient accessibles à tous.

 L’eau, un bien commun vital

 Dans une grande offensive menée dans les années 80, des multinationales de l’eau, en particulier européennes (dont des françaises spécialement agressives), ont cherché, et souvent réussi, à s’emparer de la gestion de l’eau domestique, sur tous les continents. En France, de nombreuses municipalités, de droite comme de gauche, ont procédé à des délégations de service public. Le bilan est lourd : le prix de l’eau a grimpé, la qualité des installations non ou mal entretenues a chuté, et tout un savoir des anciennes équipes municipales s’est dispersé. La réaction n’a pas trop tardé et les années 90 ont vu une vague (assez timide) de réappropriation par les communes ; une grande date étant la création en 2010 de la régie municipale Eau de Paris.

Une fois de plus ces temps-ci, l’Amérique latine nous montre la voie. La déclaration de l’Assemblée « eau », élaborée avec la présence active des peuples autochtones du Brésil, a été un grand moment du Forum Social Mondial de Belem en 2009. En 2010, la bataille de l’eau de Cochabamba a eu raison d’une filiale du géant états-unien Bechtel et a repoussé les projets de privatisation de l’eau malgré les pressions de la Banque Mondiale : l’eau y est à présent gérée au plus près des citoyens, par des communautés d’usagers.

Le gaz de schiste

G. A. revient sur les combats menés contre le gaz de schiste, en particulier à Martel contre le permis de Brive[17] et s’interroge sur les raisons d’une telle mobilisation. De toute évidence, le bien commun n’était pas là la ressource extraordinaire sous nos pieds que faisaient miroiter les foreurs et leurs divers relais locaux, mais notre Terre que l’on voulait fracturer, de plus au sein même de la roche-mère : quelle charge symbolique ! Malgré la modernité, les impératifs économiques,… on ne peut pas faire n’importe quoi avec notre planète, on ne peut pas la violenter pour notre seul profit immédiat, Pline l’Ancien l‘a déjà dit dans un autre contexte, et les petits tremblements de terre qui suivent les forages[18] ne vont pas nous démentir.

Bref retour sur le dilemme public-privé et l’ESS

 On nous dit souvent : le marché sait tout, organise tout de manière optimale, il se pourrait même qu’il soit immanent. Mais Karl Polanyi a clairement montré qu’il n’y a pas de marché sans intervention de l’État. Longtemps intermédiaire entre les citoyens et les entreprises en gérant la vie sociale, l’État a, sous le néolibéralisme, démissionné devant ce « marché », en facilitant son expansion, en organisant la concurrence, en créant la rareté…

Cette évolution contribue à faire remonter la cote des communs, parmi lesquels l’ESS[19], Économie Sociale et Solidaire. En 2012, 12 % de l’emploi en France se situait dans des coopératives, des entités économiques dans lesquelles les valeurs d’usage priment sur les valeurs d’échange. Ces structures sont en plein développement actuellement, en particulier dans le domaine de l‘énergie. L’Allemagne[20] mène une fois de plus la danse avec la multiplication de structures municipales, voire de quartier, construisant et gérant des mini-centrales aux énergies renouvelables[21].

 En allant vers la conclusion

Les communs sont donc des biens associés à des règles d’usage.

Constatant la démission des États devant les puissances d’argent, les citoyens reviennent aux communs,… voire en créent de nouveaux, de différentes tailles, qui se complètent et ne sont jamais en compétition : une communauté de communs. Un développement qui suppose toutefois un État, en particulier des instances juridiques qui assurent une cohabitation harmonieuse avec les autres acteurs économiques.

Quelques mots sur la COP21[22], la conférence sur le climat qui va se tenir à Paris en décembre prochain. Une conférence « extraordinaire » qui devrait prendre des décisions contraignantes prenant effet en 2020 au niveau mondial. Deux grandes options peuvent être envisagées, des solutions technocratiques (voir par exemple plus loin la géo-ingénierie) ou des solutions basées sur les communs qui privilégient une gestion économe, un souci du renouvellement des ressources, le « prendre soin » (take care), qui respectent la trilogie donner-recevoir-rendre. Hélas, nous pouvons craindre que les résultats[23] seront bien en dessous de ce que préconisent les scientifiques du climat, en particulier le GIEC. Nous sommes actuellement sur une pente qui nous amènerait à une hausse de la température moyenne du globe de 5 à 6 degrés en 2100 alors la hausse jugée supportable de 2 degrés imposerait de laisser 80 % des réserves connues de combustibles fossiles là où elles sont, sous terre.

Si l’on peut, après une crise financière, corriger le tir en adoptant des mesures drastiques, par contre un emballement climatique ne peut être enrayé ; on ne peut que chercher à l‘éviter et pour cela, la philosophie des communs peut être très utile et nous permettre de bâtir une société résiliente, solidaire.

En fait personne dans les instances dirigeantes ne croit vraiment que la COP21 saura imposer une limitation rapide et drastique des émissions de gaz à effet de serre : que peut on faire alors ? Des esprits agiles voient des solutions dans la géo-ingénierie[24]. Les propositions oscillent entre le bouffon et l’inquiétant, mais, pour G. A., certains vont plus loin dans le prométhéen : grâce au génie génétique, on va modifier l’homme pour lui permettre de supporter les nouvelles conditions de vie qu’il se sera faites, et, pendant qu’on y est, on va chercher à arriver à la santé parfaite et, pourquoi pas à l’immortalité. Du bon business en perspective…(1 h 24)

salle

Échanges avec la salle

Commence une discussion animée, très tournée évidemment vers l’avenir. Pessimisme, optimisme ? La marche vers la catastrophe climatique est-elle inexorable ? Sommes nous condamnés à en rester, impuissants, les spectateurs et les victimes ? Le mur de l’argent est-il imprenable ?

  1. G. A. n’est que moyennement pessimiste, elle pense qu’il faut surtout éviter le déni des problèmes, et oser prendre conscience de la force d’un mouvement mondial en cours de formation.
  •  La population a l’intuition des grands défis qui nous attendent (le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité) et a une vision suffisamment claire pour que l’on puisse envisager, comme le fait Naomi Klein[25], un retour à un partage plus équitable des pouvoirs.
  •  Le souvenir, et les conséquences, de la dernière crise financière sont encore bien là dans les esprits, malgré le triomphalisme des possédants et des gouvernants : accroissement des inégalités sociales et, en corrélation, des situations précaires, démantèlement des services publics jugés peu rentables, par contre privatisation d’autres[26]………
  •  Les batailles contre le gaz de schiste ont souvent été victorieuses malgré l’importance des intérêts financiers mis en jeu. Ces actions se poursuivent et sont prolongées par la dénonciation, en particulier en Amérique Latine, d’un mal plus large, l’extractivisme[27].
  •  L’identification des responsables des dangers vitaux qui nous menacent est une arme efficace contre les excès des multinationales pour lesquelles l’image de marque est précieuse.

De nombreux points sont ensuite rappelés ou rapidement évoqués. Le mieux est de les retrouver dans l’enregistrement de la séance signalé en introduction.

Rémi Cochard, ancien délégué régional de la région Midi-Pyrénées conclut la Rencontre après plus de deux heures passionnantes.

Quelques rendez-vous :

  •  L’ouverture d’un nouveau chantier autour de Martel (après Pontou, le gaz de schiste, la transition, le TAFTA, …) pour obtenir une remunicipalisation de l’eau
  •  Un rassemblement à Paris le 12 décembre prochain pour faire le bilan de la COP21
  •  Les prochaines manifestations Alternatiba à Figeac le 3 octobre et à Cahors le 26 septembre
  •  Lorsque Rémi Cochard sera président de la République, l’intronisation de G. A. comme ministre des communs.

La Rencontre se termine par une séance de dédicace du dernier ouvrage de G. A. « Osons rester humain, les impasses de la toute-puissance[28] » et, à la lotoise, avec un verre de cidre de Corrèze.

ANNEXE sur l’ESS

Notes telles que prises par jcb lors de la conférence de Philippe Frémeaux donnée à Uzès le samedi 20 octobre 2012, dans le cadre des

Premières Rencontres Charles Gide[29] :

« Économie Sociale et Solidaire et Droits de l’Homme »

(organisée par la section LDH d’Uzès-Sainte Anastasie)

Quelle place pour l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) dans notre économie ?

Thèmes principaux :

  • l’ESS telle qu’elle est n’est pas une alternative qui résoudrait tous les problèmes
  • elle est quelque peu survendue.

Trois caractéristiques de l’ESS :

  • But non lucratif
  • Gestion démocratique
  • Utilité sociale

Deux grandes familles d’ESS

  • « Associativistes » : des égaux se rassemblent dans des coopératives, des mutuelles pour résoudre collectivement des problèmes communs, exemples les SCOP, la MAIF…
  • Caritatives : le travail social du monde associatif, des privilégiés au profit des autres, en particulier de ceux qui n’ont pas nécessairement la capacité de s’en sortir tout seuls.

Domaine couvert par l’ESS

  • Représente 12 % de l’emploi, 2 300 000 salariés
  • Mais 81 % des emplois ESS sont dans quatre domaines seulement : l’action sociale, les banques et les assurances, l’enseignement et la santé.
  • dans nombre d’autres domaines comme l’industrie, l’ESS est quasiment absente, sauf quelques SCOPs

Bien, mal ?

  • Bien
    • Prouve que les citoyens peuvent se prendre en charge sans recourir à l’État ou à des entreprises capitalistes
    • Prouve qu’il est possible d’être efficace sans être capitaliste, sans être du privé
    • Prouve que l’on peut entreprendre sans soif de profit
  • Moins bien
    • Multiforme, par exemple en agriculture, les AMAP et Limagrain
    • Des banques en principe mutualistes (Crédit Agricole, Banque Populaire par exemple) ont des gestions très proches des BNP et autres Société Générale
    • Le côté SS est quelque peu instrumentalisé
    • Une certaine banalisation (exemple : combien de votants pour les instances statutaires alors que la règle est « une personne, une voix » ? )
    • La possibilité d’alternance qui devrait résulter du caractère démocratique des structures de l’ESS reste trop souvent théorique : « roitelets élus à vie », cooptation massive, propension toute capitaliste de faire grossir les structures.
    • Dans l’ESS, les rapports salariaux ne sont généralement pas fondamentalement différents de ceux qu’ils sont dans l’économie libérale.

Conclusion

  • La liberté d’entreprendre que l’on trouve dans le privé est aussi un gage de démocratie
  • De toute manière, une hégémonie de l’ESS dans notre société n’est pas souhaitable

[1] Ce thème avait fait l’objet en 2008 de la XIIIe Rencontre de Martel : « Au lendemain des municipales : quel avenir pour la démocratie locale ? Votre commune à l’heure de l’intercommunalité : que restera-t-il de votre voix ? ». Avec la participation de Georges Gontcharoff, vétéran des questions de démocratie locale et Jean-Pierre Dubois, alors président de la LDH.

Depuis, la communauté de communes Cauvaldor (Causses et Vallée de la Dordogne) a été créée, regroupant 37000 habitants sur 61 communes et 1055 km2. Avec promesse d’extension. Nous serons peut-être alors consultés ! (jcb)

[2] Avec le succès tout relatif que l’on sait. Un épisode du film « Nature, le nouvel eldorado de la finance » illustre ce combat bien inégal.(jcb)

[3] Pour les anciens latinistes, nullius est le génitif de nullus.

[4] Provoquant de vives révoltes, voir l’ouvrage de Edward P. Thompson « La formation de la classe ouvrière anglaise » (Points, coll. « Points histoire », 2012)

[5] Karl Polanyi, La Grande Transformation (1944), une des « Bibles » de G. A.

[6] En France, la loi du 10 juin 1793 organise le partage des biens communaux en autorisant leur vente à des propriétaires individuels. La Révolution française était une révolution bourgeoise.(jcb)

[7] Ce n’est pas un hasard si la Commune s’est appelée ainsi.

[8] Clean Air Act, Clean Water Act,…Que les présidents républicains se sont empressés d’encadrer, voire de vider de leur sens. Un moment fort, le « Friday Night Massacre » en 2002 dans lequel W. Bush livrait le bien commun « eau » aux industries minières, à l’époque pour le charbon. La porte était ouverte pour le fracking et le gaz de schiste…(jcb)

[9] Cette longue citation en italique est extraite d’un article de G. A. paru dans le Politis n°1295 (mars 2014) « Biens communs, idée neuve ». On peut aussi se replonger dans l’ouvrage de Max Weber « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », 1904-1905 (jcb)

[10] Ces idées étaient là depuis longtemps. Inutile de refaire l’article pour les Hayek, Friedman, Rockefeller et autres Denis Kessler (jcb).

[11] la première femme à recevoir le « prix Nobel » d’économie (avec Oliver Williamson) « pour son analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs ».

Son seul ouvrage traduit en français est « La gouvernance des biens communs : pour une nouvelle approche des ressources naturelles », Éd. De Boeck, 2010. Vous pouvez sauter les deux premiers chapitres (en particulier le dilemme du prisonnier (jcb)).

[12] Ce qui permet de breveter tout et n’importe quoi, telle ou telle plante amazonienne anonyme par exemple, on ne sait jamais, un jour elle pourrait rapporter gros. Si un brevet n’est pas accepté aux USA, on peut essayer en Europe. Ainsi à la question « si l’on découvre un lien entre une séquence génétique existant naturellement dans une plante cultivée et un caractère particulier de cette plante, peut-on devenir propriétaire de toutes les plantes qui expriment ce caractère  » , la Grande Chambre de Recours de l’Office Européen des Brevets a répondu en mars 2015… « oui » . Une des plantes en question était le brocoli, et le caractère évoqué était des vertus anticancéreuses !?). Rappel : devenir propriétaire signifie recevoir des royalties.(jcb)

[13] G. A. n’a fait que mentionner les OGM, et pas pour en faire les sauveurs de l’humanité. Au sujet de l’agriculture paysanne, je me dois signaler le travail fait à ce sujet par le précédent rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation Olivier De Schutter. On peut également signaler ce que les mauvais esprits ont appelé le « Monsanto Act » : voir Google ou, si possible, http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2013/04/05/comment-monsanto-a-mis-les-ogm-au-dessus-de-la-loi-aux-etats-unis_3154615_3244.html (jcb).

[14] À ce titre, doit-on remercier Bill Gates de sa généreuse contribution à la Réserve Mondiale de Semences du Svalbard ?

[15] on peut même la transmettre sans la perdre (une qualité rare ! )

[16] L’open source est très utilisée en informatique, par exemple l’Operating System Linux, la suite bureautique Libre Office, ….

[17] Sollicité par Hexagon Gaz pour le gaz de schiste en 2010, redirigé ensuite vers le gaz de houille à la suite de la loi Jacob. Permis rejeté en 2013 (jcb)

[18] Une corrélation que ne voient pas les foreurs.

Le 6 novembre 2011, un séisme de magnitude 5,7 frappait la petite ville de Prague, dans l’Oklahoma (États-Unis). Il a été attribué à l’injection d’eaux usés dans un ancien puits, une autre manière de violer la Terre.http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2013/03/29/quand-le-gaz-de-schiste-fait-trembler-la-terre_3150329_3244.html (jcb)

[19] Vous trouverez en annexe des notes prises par jcb à une conférence donnée à Uzès par Philippe Frémeaux en 2012.

[20] Citons quand même Enercoop en France

[21] Éoliennes et panneaux photovoltaïques pour lesquels une gestion locale et interactive grâce à internet est particulièrement appropriée.

[22] Conference Of Parties, la vingt-et-unième du nom, après Rio, Copenhague, Rio + 20,….

[23] Les textes qui seront discutés sont déjà écrits !

[24] qui s’attaquent aux conséquences plutôt qu’aux causes. Ainsi les profits ne baissent pas, et de nouvelles opportunités sont envisageables. Certaines de ces recettes sont plutôt drôles, mais pas méchantes, comme tout peindre en blanc de manière à renvoyer la lumière solaire dans l’espace. D’autres sont franchement inquiétantes, comme larguer au moins un million de tonnes de soufre dans la stratosphère, pour le même but : une proposition faite par Paul Crutzen (nobélisé en 1995 pour des travaux qui ont abouti à une certaine maîtrise du trou dans la couche d’ozone…). À comparer, Apollo 11 était une broutille : heureusement !!

Cette démarche rappelle le traitement US de l’obésité (selon Time) : on cherche la drogue qui contrecarrera l’effet d’une alimentation déraisonnable mais qui reste « non négociable ». (jcb)

[25] dans son dernier livre « Tout peut changer » (traduction tiède de This changes everything , Ça (le dérèglement climatique) change tout). N. K. pense (espère) que les circonstances entraîneront des changements qualitatifs dans le monde. Dans son livre précédent « La stratégie du choc », elle avait montré comment les impérialisme-néoliberalisme… savaient profiter des chocs pour accroître leurs emprises : une « revanche » ? Espérons qu’il ne sera pas trop tard ! (jcb)

[26] Comme des musées en Italie, mais le Parthénon n’est pas encore bradé !

[27] Comme pratiquer une agriculture intensive sur un espace déboisé jusqu’à épuisement complet des sols, et passer à l’espace suivant, en laissant un désert.

[28] Les Liens qui Libèrent, 2015, 18,50 €

Certains points développées dans ce livre ont été évoqués pendant la conférence.

[29] Charles Gide (Uzès 1848 – Paris 1932) est « le dirigeant historique du mouvement coopératif français, le théoricien de l’économie sociale, le président du mouvement du christianisme social, fondateur de l’École de Nîmes et membre de la Ligue des droits de l’homme. Il est l’oncle d’André Gide. » (Wikipedia)

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