Communiqué de la Délégation régionale Midi-pyrénées
Vidéosurveillance : Quand le « patron » des gendarmes de Midi Pyrénées
s’invite dans un débat politique
(article de la Dépêche du Midi du 13/12/09)
On peut s’étonner de ce qu’un agent de l’Etat, de statut militaire, a priori tenu au devoir de réserve, se fasse dans la presse l’agent de transmission d’une politique gouvernementale en utilisant une rhétorique démagogique bien connue : « combat d’arrière-garde inutile…/… Surtout une injure à celles et ceux qui quotidiennement ne vivent pas dans la tranquillité qu’ils pourraient espérer ».
Pour rester dans le registre que n’aurait pas du quitter ce fonctionnaire, rappelons ici que :
– aucune statistique officielle, aucun rapport aisément accessible n’est disponible malgré la multiplication des installations de caméras sur le territoire ;
– aux Etats-Unis, et ce ne sont pas des séries américaines, certaines villes comme Miami ou Mount Vernon, ou Atlantic City ont abandonné l’usage systématique de caméras vidéos eu égard à l’absence de résultats ;
– en Angleterre, très « vidéoprotégée », un rapport de septembre 2006 de l’information Commissioner Office ( l’équivalent de la CNIL en Angleterre) révèle que malgré l’importance du budget affecté le Ministère de l’Intérieur a constaté l’absence d’impact du système de surveillance sur la criminalité.
Notons enfin que cet outil, affiché aujourd’hui comme étant un outil de prévention, est amené à devenir à vocation répressive, des logiciels étant annoncés comme capables d’analyser un comportement et d’en tirer un enseignement pour le « faire corriger » Ainsi, de citoyen libre de se promener, passerons nous à l’état de délinquant présumé.
En conséquence, la Ligue des droits de l’Homme demande :
– que la totalité des systèmes de vidéosurveillance tant analogiques que numériques soient dans les plus brefs délais placés sous le contrôle exclusif d’une CNIL au budget conséquent.
– qu’un fichier national public, et notamment accessible par Internet des traitements et des caméras soit mis en place immédiatement pour recueillir des informations sur toute nouvelle installation, avec délai de six mois pour que toutes les caméras existantes fassent l’objet de déclarations d’existence.
– que soit interdite toute incorporation dans les caméras de vidéosurveillance de logiciels permettant d’étudier les comportements des personnes.
– que soit interdit l’usage de caméras mobiles et de drones.
Précisons enfin que les positions ci-dessus ne sauraient être interprétées comme une acceptation implicite de » la vidéosurveillance » par la LDH qui entend en effet rappeler qu’elle est et demeure opposée à tout forme de surveillance de la population.