Compte-rendu de la conférence-débat
tenue le 12 mars 2011 au palais de la Raymondie de Martel
Que faire avec une seule Terre ?
ou l’urgence d’un nouveau mode de développement
avec Geneviève Azam et Patrice Vidieu
Ce texte est un compte-rendu subjectif de la conférence. Les notes de bas de page signées jcb sont de la seule responsabilité de … jcb. Le privilège du rédacteur.
Marc Foltz introduit la conférence par quelques dates
- 1931 : Paul Valéry écrit dans « Regards sur le monde actuel » : « le temps du monde fini commence»
- 1972, le Club de Rome lance une alerte devant les risques d’épuisement des ressources non renouvelables. La même année, le secrétaire général de la Conférence des Nations sur l’environnement commande pour le sommet de Stockholm le rapport » Nous n’avons qu’une Terre ».
Depuis, nous avons connu la vague néolibérale qui a accéléré la dégradation de la Terre pour le profit d’une fraction de plus en plus étroite de la population ; notre planète est maintenant épuisée, elle n’est plus en mesure de satisfaire ce besoin viscéral du capitalisme d’une expansion infinie. Nous butons sur les limites du monde et le capitalisme va devoir composer avec cette réalité incontournable dont nous commençons collectivement à prendre conscience. A nous d’agir pour aller vers une gestion qui assure un partage équitable des richesses tout en préservant notre planète. Nous n’en avons qu’une !
M. F. présente ensuite les intervenants
- Geneviève AZAM est maître de Conférences à l’université Toulouse Le Mirail. Elle y enseigne l’économie, et ses activités de recherches portent sur les échanges non marchands, le développement durable, la privatisation du vivant, …. Elle développe également de nombreuses activités militantes, au niveau d’Attac (comme vice-présidente et membre du conseil scientifique), de l’hebdomadaire Politis (en particulier dans la rubrique « A contre-courant ») et au niveau local (loi Fillon 2003, constitution européenne, déréglementation du droit du travail, loi LRU, OGM, gaz de schiste, …).
Son dernier ouvrage « Le temps du monde fini, vers l’après-capitalisme » est à l’origine de la présente conférence.
Patrice VIDIEU, paysan syndicaliste (GAEC dans le nord du Lot), ancien porte-parole national de la Confédération Paysanne. Un défenseur sans repos de l’agriculture paysanne et (donc) pourfendeur de l’agriculture productiviste.
Geneviève AZAM introduit son discours en resituant la citation de Paul Valéry « le temps du monde fini commence » dans le contexte de 1931 : l’ensemble de la planète est maintenant connu, l’homme en a fait le tour, les modes d’expansion du XIXe siècle, impérialisme et colonialisme, s’essoufflent ; c’est l’heure pour développer entre les humains de grands desseins, justice et solidarité ; les hommes doivent apprendre à cohabiter, et ne peuvent espérer qu’il y a un ailleurs dans lequel ils pourraient résoudre leurs problèmes.
G.A. entreprend ensuite une analyse de la crise actuelle de notre civilisation occidentale, crise de ses bases matérielles et crise de ses bases morales :
crise des bases matérielles : crises économique, sociale, écologique, géostratégique et démocratique intriquées. Un effondrement du modèle capitaliste[1] qui est rendu patent par les failles qui, ici et là, au Nord comme au Sud, commencent à apparaître, failles que nous devons nous employer à agrandir.
Cette crise, à la base due à la domination de l’économie sur les sociétés et sur la nature, a été précipitée par la globalisation.`Celle–ci était déjà un des facteurs majeurs qui ont amené notre société occidentale dans la grande crise de 1929. Des expériences fascistes et une guerre mondiale après, notre civilisation a connu les « Trente Glorieuses », phase de reconstruction, puis de construction d’une société plus harmonieuse : une croissance économique inédite permettait d’apporter aux populations du Nord bien-être matériel et bien être social[2]. Mais tout cela, sur le dos des pays du Sud qui fournissaient matières premières et main d’œuvre bon marché, et sur le dos de la nature qui commençait à être mise en exploitation à grande échelle. La caution morale de ce « développement séparé » résidait dans l’idée que notre modèle allait pouvoir à terme être universalisé, donné en cadeau à l’ensemble de la planète. Hélas, notre monde est fini (et déjà largement pillé), et il faudrait, dit-on, cinq planètes pour assurer notre niveau de vie à l’ensemble des populations du globe. Même l’idée d’universaliser les droits[3] pourrait n’être qu’une utopie si le grain à moudre n’est pas là.
La montée des pays émergents (en particulier BRIC : Brésil, Russie, Inde et Chine) qui revendiquent des modes de vie « à l’occidentale », le fait que nous tenons à conserver notre mode de vie vont très rapidement nous imposer des révisions fondamentales.
crise des bases morales ou crise des représentations : le capitalisme, initialement censé être porteur de civilisation, de bonheur et de liberté, devient dans sa dérive folle du néolibéralisme un projet de dé-civilisation. L’homme et la nature en harmonie dans le bien-être devraient être des buts essentiels de la société, ils sont réduits tous deux au rang de moyens[4], de moyens de maximisation des profits.
Trois illustrations/métaphores de cette régression
- les déchets[5] : nous croulons sous les déchets, en particulier d’objets jetables délibérément conçus comme tels et fabriqués par des travailleurs également jetables au moindre retournement du contexte économique. Comment ne pas être déstabilisé par un telle perte de sens du travail humain ?
- les gaz de schiste (et autres carburants « non conventionnels ») : alors que le passage du peak oil[6] aurait dû précipiter la réflexion sur notre modèle de développement, au moins sur notre manière de consommer l’énergie, ce nouvel avatar diffère cette confrontation à la réalité, avec de plus la promesse d’une aggravation accélérée[7] de l’état de notre planète.
- plus anecdotique, mais significatif : un élément essentiel dans la discussion sur les rythmes scolaires est la bonne santé … des industries de loisir.
G. A. balaie ensuite à grands traits, entre optimisme et pessimisme, quelques aspects des problèmes complexes au pied desquels se trouve l’humanité entière.
- les « biens communs »
Devant la frénésie de « marchandisation » de tout et n’importe quoi qui a saisi nos financiers, de nombreuses voix[8] se sont élevées pour clamer que des biens comme l’eau, la nature, l’idée de don, … devaient rester en dehors du domaine marchand. Hannah Arendt a montré que l’expropriation de ces « biens communs » aboutit à une « société de masse[9] » d’êtres dépossédés de leurs repères et réduits à leur identité économique, une société fragilisée prompte à céder à des tentations xénophobes, de rejet de l’autre …
- Réinventer le monde
Nous vivons une époque passionnante puisque nous allons rapidement devoir repenser notre mode de fonctionnement, les relations de l’homme et de la nature. Alors que dans notre fond culturel nous pensons que la nature est à notre disposition, que la technologie en tous cas nous permettra de reprendre le dessus. Nous sommes passés de l’holocène[10], relativement sympathique pour nous, à l’anthropocène[11], cette époque du couple Terre-humanité où l’humanité, qui a de manière significative modifié la Terre, va devoir prendre cela en compte.
- La fin de l’idée de progrès
Nous voyons la fin de l’idée de progrès, la fin de la conviction que le progrès était dans le cours de l’Histoire et donc indéfini. Nous voyons en parallèle la dévalorisation du passé. Un nouveau « du passé faisons table rase » prôné maintenant par le capitalisme pour nous couper de nos racines, pour occulter les régressions, même les casses sociales et écologiques qui sont irréversibles. Nous prenons de plus en plus conscience que nos civilisations sont fragiles, fragilisées dans leur sophistication, et que de toute manière notre technique ne sera jamais en mesure de dominer[12] la Nature.
- rareté et marché
Il ne peut avoir marché que de biens rares, auxquels on peut fixer un prix. La connaissance, qui est un bien abondant et non consommable, aurait dû rester hors du marché : il faut s’opposer à la « marchandisation » de la connaissance, telle qu’elle est prônée dans la Stratégie de Lisbonne[13] . Car la connaissance, contrairement aux valeurs matérielles, peut être donnée à l’infini.
- contre l’ « extractivisme »
Il reste en fait encore trop de ressources d’énergies fossiles, accessibles au prix fort, économique et environnemental. Pressurer la planète retarde l’heure où la révision de la gestion mondiale de l’énergie deviendra incontournable, la planète n’en sera alors que plus difficile à sauver[14]. A méditer la sagesse du président de l’Equateur qui offre d’épargner le parc national de Yasuni[15].
- et en conclusion
nous donne rendez-vous début août sur le Larzac (au Rajal del Gorp ? [16], photo ci-dessous) pour s’opposer aux menaces d’extraction du gaz de schiste dans nos pays et, dans la tradition universaliste du Larzac, à l’extractivisme au niveau mondial, qui menace notre environnement et notre société.
Patrice Vidieu se propose d’illustrer le propos de G. A. dans le domaine de l’agriculture et plus particulièrement dans le cadre local.
- Dans le mur
Pour être clair, l’agriculture productiviste nous conduit dans le mur, une agriculture qui pourtant prétend tout prévoir : un produit chimique pour chaque insecte, maladie, aléa climatique, un arsenal d’engins adaptés à chaque situation, un recours aveugle à l’irrigation, …
Cette agriculture broie la paysannerie en dévalorisant leur travail, en les désignant comme empoisonneur, en imposant des investissements qui vont croissant, sur des surfaces de plus en plus étendues.
Dans le Lot, entre 1980 et 2007, le nombre d’exploitations est passé de 11 000 à 5 700.
Cette agriculture, qui n’a su empêcher qu’il y ait actuellement (encore ?) un milliard d’humains dénutris, sera t’elle capable de nourrir les neuf milliards d’habitants prévus pour 2050[17] ? Alors que des « accidents » climatiques extrêmes (inondations et canicules, certaines qualifiées de décennales voire de séculaires) se succèdent à rythme accéléré. Alors que les stocks de nourriture qui permettaient d’absorber les irrégularités des récoltes sont en diminution, par souci du cash flow, à cause de mesures de rétentions de certains pays soucieux d’assurer le ravitaillement de leur propre population, et maintenant parce que ces denrées vitales sont devenues les jouets de spéculateurs échaudés par les produits purement financiers.
Bref, que ce soit l’enchérissement du pétrole devenu matière première de base de cette agriculture, les gaspillages divers[18], les problèmes de partage de l’eau, l’avidité des firmes agroalimentaires en amont et des centrales d’achat en aval, tout concourt à de sombres prévisions pour le mode dominant d’exploitation agricole.
Quelques points de colère.
- la nouvelle forme de « pillage du tiers-monde[19] »
20 à 50 millions d’hectares ont été achetés, ou loués par l’UE, les USA, la Chine, l’Arabie Saoudite, la Libye, … pour assurer la pérennité de leur alimentation. L’exemple le plus emblématique est la firme Daewoo qui loue pour 99 ans 1,3 millions d’hectares sur l’île de Madagascar. Inutile de préciser que les populations locales sont dépossédées, donc rejetées vers les bidonvilles des métropoles, et remplacées par des mercenaires de l’agriculture intensive. Inutile aussi de s’interroger sur l’état dans lequel seront les terres à la fin du bail.
- le fléau des agrocarburants
qui détournent de l’agriculture vivrière des terres fertiles (éventuellement prises sur la forêt) pour le seul bien de nos véhicules … et des multinationales qui les exploitent. Une véritable arnaque qui est censée nous faire économiser 5 millions de tonnes de pétrole en utilisant pour les cultiver … 8 millions de tonnes du même pétrole. Une aberration économique, mais pas pour tout le monde !
- la folie des pesticides,
notre pays est le premier en Europe avec 4 kg de ces poisons[20] par habitant, qui intoxiquent à plus ou moins petit feu paysans et consommateurs. A noter quand même qu’en particulier grâce à la MSA certains exploitants agricoles ont vu leurs (graves) problèmes de santé reconnus comme des maladies professionnelles. 90 % des eaux sont polluées, quelquefois par des molécules interdites[21] depuis de nombreuses années. Le marché des pesticides en France atteint 2,6 milliards d’euros ! L’agriculture dite raisonnée, qui tente de réduire cette dépendance à la chimie en réduisant les doses au prix d’une technicité accrue, ne semble pas être une vraie solution car la réduction ne semble pas pouvoir dépasser 15 % ; pour atteindre par exemple 50 %, il faut changer de paradigme, en fait reprendre certaines des techniques « anciennes », mais qui paraissent tellement naturelles comme la rotation des cultures, les assolements, le respect des sols… Il faudrait aussi lourdement taxer les xxxcides de tout poil et aider les cultures bio.
La politique Européenne Commune (PAC)
Créée en 1957 avec le traité de Rome et mise en place en 1962, pavée de bonnes intentions[22], elle n’en est pas moins de plus en plus productiviste. Un espoir est apparu néanmoins en 2009 lorsque l’agronome roumain Dacian Ciolos a remplacé la danoise Mariann Fischer Boel ancienne gérante d’une société d’export. Ce commissaire, assez tourné développement durable-respect de l’environnement, permet d’être un peu plus optimiste (même s’il est un fervent partisan des OGM). Tous les objectifs qu’il assigne à la nouvelle révision de 2013 sont encourageants[23] mais il reste dans la logique libérale. En particulier, le « marché mondial » (des céréales, des oléagineux, …) qui concerne moins de 10 % des échanges de ces produits dans le monde est encore la référence qui détermine les politiques dans ces domaines. Les aides, qui sont en baisse[24], devraient être réparties différemment. Des mesures comme leur plafonnement, l’aide aux petites fermes, vont dans le bon sens mais l’objectif principal reste de fournir en quantité et au moindre prix les produits bruts qui permettront aux multinationales de l’agroalimentaire de maximiser leurs profits. Alors que l’objectif devrait être d’assurer aux agriculteurs – pas seulement les plus « gros » – un prix juste et rémunérateur, ou, plus simplement dit, un prix qui a un rapport avec les coûts de production !
Au niveau de la France, des « lois de modernisation agricole » suivent chaque modification de la PAC. La dernière LMA[25] en cours de mise en place tourne autour de deux propositions phares :
- une assurance-revenu :
pour se prémunir des aléas commerciaux et climatiques, l’agriculteur est prié de contracter une assurance. On s’éloigne de plus en plus du sol, mais merci pour les assureurs. L’Etat va en tous cas pouvoir continuer à se désengager.
- la contractualisation :
les quotas laitiers étaient le dernier outil institutionnel de régulation qui, bien qu’imparfait, a permis la survie de nombre de producteurs. C’en était trop pour les néolibéraux, les producteurs sont maintenant priés de négocier des contrats avec les acheteurs de leurs produits. Nos paysans sont enfin libres, et égaux à leurs partenaires, comme par exemple les centrales d’achat des supermarchés !
Des solutions ?
- Bill Gates ?
qui a décidé de consacrer une partie de sa richesse au développement agricole. Dans le même temps, il acquiert, d’après Via Campesina, des actions Monsanto et promeut les OGM dans les pays du Sud.
- la FNSEA ?
La présidence est passée en décembre 2010 de lignées d’éleveurs de terroir à M. Xavier Beulin, céréalier producteur d’oléagineux et toujours président (entre autres) de Sofiprotéol[26], le bras financier de la filière oléagineuse et du biodiesel, dont le chiffre d’affaires annuel s’élève à 5,5 milliards d’euros. Rideau.
- Sarkozy ?
De belles paroles sur la vie paysanne mais qu’est devenu entre autres le Grenelle de l’environnement ?
- nous, les consommateurs … voir plus loin.
L’agriculture biologique
Les agriculteurs bio sont passés en France de 12 000 en 2008 à 20 000. Ce qui ne représente que 2,5 % des terres cultivées[27], contre 8 % en Italie et 13,5 % en Autriche par exemple. Comment atteindre l’objectif de 20 % en 2020, d’autant plus que les aides à ce type d’exploitation ont été divisées par deux récemment[28] ?
Peu à attendre des Chambres d’Agriculture. Par contre existent des associations comme LOTABNÉ[29], des foires et manifestations bio.
Toute alliance paysans-consommateurs, de préférence des consommateurs-citoyens, ne peut avoir que des effets positifs, dans les AMAP par exemple, ou pour de « petites causes » comme
- imposer une réduction drastique des pesticides dans les villes (cf. Paris)
- imposer des cantines[30] « bio », au moins des circuits d’approvisionnement courts
- pour cela, soutenir les municipalités qui « installent » de jeunes agriculteurs prêts à cultiver raisonnablement et/ou qui préservent d’une urbanisation débridée des terrains périphériques, qui sont souvent très fertiles (pourquoi ?).
Arrive le temps des questions…
- gaspillage et décroissance.
G. A. en profite pour aborder les notions d’usage, bon usage, mésusage. Prenons l’exemple de l’eau : l’eau est un droit de l’homme, qui ne doit pas être gaspillé[31]. Une meilleure gestion de l’eau serait d’assurer à tous gratuitement un volume minimal et de taxer sévèrement les usages abusifs, l’équilibre financier serait assuré et gageons que la consommation serait en « décroissance ». Ainsi en est il également de l’énergie gaspillée en particulier par le transport privé sans limite. Une fois de plus, l’Amérique du Sud nous montre la voie, en utilisant le terme de « bien vivre », moins rébarbatif que « décroissance », la sobriété a une acception positive. A signaler également un rapport commandé par le dernier gouvernement travailliste anglais à une commission[32] présidée par Tim Jackson, récemment traduit en français sous le titre « Prospérité sans Croissance » (De Boeck éditeur). Dans lequel, inversant une forme (tristement) célèbre, l’auteur affirme : « La croissance n’est pas la solution, mais le problème ».
- les droits de la nature, de la Terre.
A l’occasion d’une question, G. A. revient sur son refus de voir la Nature « marchandisée ». En particulier les êtres vivants, dont l’homme, sont devenus des objets à vendre, à échanger, à breveter, ce qui est à l’origine d’une grave crise culturelle. Il faut à l’image des Sud-Américains confier ces richesses communes à des « communautés d’usage », avec des droits consentis à tous par tous. Après les droits de l’Homme (1948), différents droits sociaux, les droits de l’enfant (1990), l’ONU doit, face à l’écocide en cours, énoncer le droit de la Terre. Patrice complète le sujet en rappelant que la traduction au niveau de l’ONU de la montée du néolibéralisme, l’Organisation Mondiale du Commerce[33] est à l’origine de nos problèmes sur l’agriculture et la propriété intellectuelle. Refuser les OGM, les poulets aux hormones et/ou à l’eau de Javel, … est un combat de tous les jours.
- A propos des OGM. Une voix interroge sur les suites de la pétition signée à ce sujet par plus d’un million d’Européens qui prétendaient refuser ces merveilles de la science et vache à lait des Monsanto et consorts. Ce bel exemple de démocratie directe à l’échelle de l’Europe, vanté pendant la campagne des traités constitutionnels européens , n’est en fait qu’une mystification. La pétition ne permet que de soumettre le texte à la Commission, qui doit ensuite statuer sur la « recevabilité » de la requête : et là, pas de chance, elle n’est pas recevable !
- Une dernière intervention, thème d’une prochaine Rencontre ? Après le rappel, consensuel, de la sagesse indienne (des USA) qui prétend que la Terre ne nous est que prêtée, et que nous devons la laisser intacte aux générations suivantes, notre auditeur espiègle s’interroge à présent sur l’avenir à moyen terme de l’humanité sur cette Terre finie : si nous refusons de vivre « en batterie », ne faudra t’il pas se rappeler Malthus ?
[1] le capitalisme s’en remettra mais il devra revoir sa copie
[2] par exemple en France la mise en œuvre (un peu poussée par les luttes) d’une bonne partie du programme du Conseil National de la Résistance
[3] qui semblent nous être repris un à un ces temps-ci. jcb
[4] voir le poste maintenant essentiel dans les entreprises (publiques et privées) de directeur des « ressources humaines »
[5] voir le « Great Pacific Garbage Patch », une zone grande comme deux Texas au large de la Californie dans laquelle les courants marins en vortex accumulent du plastique plus ou moins finement divisé, en une concentration « plus élevée » que la moyenne. L’inventivité des « marchands » n‘a pas de borne : le rédacteur apprécie l’idée d’une île « recyclée ». Une visite du site http://www.psfk.com/2010/04/a-conceptual-habitable-floating-island-made-from-plastic-waste.html vaut son clic de souris.jcb
[6] ou pic pétrolier, date à partir de laquelle la production pétrolière « conventionnelle » décroît(ra). D’après certains, ce pic est dépassé depuis quelques années.
[7] pas « non conventionnels » pour rien : l’exploitation de ces jokers est une horreur environnementale. Mais leur extraction est devenue rentable et ils permettent aux Etats Unis de se dégager notablement des producteurs de pétrole jugés (pour le moins) peu fiables d’Amérique Latine et du Moyen-Orient. La catastrophe écologique des sables bitumineux de l’Alberta était connue depuis longtemps. Les permis de recherche de gaz de schiste accordés par notre précédent ministre de l’environnement avant son éviction (sans rapport avec cela) du gouvernement ont brutalement fait découvrir à beaucoup l’importance économique prise par cette source d’énergie et la malédiction écologique associée. Le film « Gasland » de Josh Fox, déjà vu par de nombreux caussenards, en témoigne avec force.
[8] sans revenir aux fours banaux du Moyen-Age, voir Edgar Morin, le Manifeste pour la Récupération des Biens Communs, lancé au Forum Social Mondial de Belém (2009), l’ouvrage « Gouvernance des biens communs » d’Elinor Ostrom, prix « Nobel d’Economie » 2009 (qu’est il arrivé à ce jury cette année-là ?).
[9] une citation connue d’Hannah Arendt : « la société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs ». Je penserais bien aussi à Aldous Huxley, l’étape avant George Orwell. jcb
[10] les dix à douze mille dernières années, qui ont vu, après la dernière grande glaciation, le développement rapide (au chaud) de l’espèce humaine.
[11] selon Paul Crutzen, chimiste néerlandais, co-lauréat du prix Nobel de Chimie 1995, pour l’élucidation du rôle des CFC dans le processus de destruction de la couche d’ozone. Ce même professeur propose en 2006 de contrer l’effet de serre en envoyant (au moins) un million de tonnes (1 000 000 tonnes !) de soufre dans l’atmosphère. Scientisme, quand tu nous tiens ! jcb
[12] nous étions le 12 mars 2011, le lendemain du séisme-tsunami-accident nucléaire au Japon. Et moins d’un an après l’éruption de l’Eyjafjallajökull (les copier-coller marchent bien) qui a cloué au sol nos beaux avions.
[13] adoptée par le Conseil Européen en mars 2000. Un de ses objectifs : construire en Europe « l’économie de connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». On se rappelle l’interminable discussion de l’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services)
[14] un auditeur espiègle rappellera dans la discussion qu’il n’y avait pas d’hommes sur Terre pendant le Carbonifère…
[15] un joyau de biodiversité hélas sur une mer de pétrole, contre 3 milliards d’euros. Inutile de rappeler l’acharnement de G. W. Bush à obtenir pour ses amis l’autorisation de forer en Arctique, le long des côtes US, …
[16] information pour les jeunes : inoubliable lieu de deux rassemblement du siècle dernier (80 000 personnes en 1973, 103 000 en 74) contre l’extension du camp militaire du Larzac : « Gardarem lo Larzac », cette fois encore ! (le camp est resté à 3 000 ha, contre les 17 000 projetés)
[17] voir le nouveau rapport à l’ONU du Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter (juriste belge) : « Pour nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050, nous avons de toute urgence besoin d’adapter l’agriculture … Aujourd’hui la preuve scientifique est faite que les méthodes agricoles écologiques surpassent l’utilisation des fertilisants chimiques dans la production alimentaire notamment dans les régions où la faim sévit » http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=24662&Cr=agriculture&Cr1#
Vous pouvez être (agréablement) étonné(e).jcb
[18] un exemple trivial : le rejet dans les MIN (Marché d’Intérêt National) de fruits non parfaits, c’est à dire non conformes aux normes que nous consommateurs sommes censés exiger (taille, taches, couleur, …). D’où 25 à 30 traitements annuels des vergers du bas Rhône, et d’ailleurs.
[19] Pierre Jalée, dans la petite collection Maspero 1965. Il s’agissait alors entre autres de l’achat au prix fixé par les pays développés acheteurs de biens primaires, qui malgré tout étaient produits sur place par les populations locales, éventuellement par des monocultures imposées.
[20] le rédacteur ne peut se résoudre à les appeler « produits phytosanitaires », même par dérision.
[21] voir le chlordécone dans les bananeraies martiniquaises. Un temps de vie de plusieurs dizaines d’années et un cocktail d’effets regrettables : cancers divers, attaques neuronales, délétion de la spermatogenèse…
[22] dans les années 60, la PAC devait permettre d’atteindre la suffisance alimentaire en Europe. La régulation des prix était obtenue par le stockage. Lorsque plus tard la surproduction est devenue systémique, des solutions plus drastiques ont été appliquées :dénaturation, retrait du marché. Il n’y a plus actuellement d’outils de maîtrise du marché à l’échelle européenne.
[23] sécurité alimentaire, gestion durable des ressources naturelles, développement rural équilibré. Que rêver de plus ? Mais qui pourrait prôner le contraire ?
[24] même si la PAC absorbe encore 40 % du budget européen
[25] en fait LMAP, qui inclut la pêche, 27/7/2010
[26] qui compte parmi les filiales les huiles Lesieur. Et ils viennent d’absorber Sanders, vielle firme produisant des aliments pour animaux, grand recycleur de tourteaux de soja
[27] dont beaucoup en viticulture, pour la culture (et pas nécessairement la vinification, cf. les ajouts de sulfites)
[28] 100 €/ha dans le cas d’un contrat de conversion en agriculture biologique.
[29] Lot Agriculture Biologique Novatrice Ecologique, http://www.lotabne.com/ : association d’agriculteurs en conversion vers l’AB qui assure une formation interne et fournit des liens vers l’extérieur.
[30] voir dans le film « Nos enfants nous accuseront » de Jean-Paul Jaud l’exemple édifiant de la petite ville de Barjac (dans le Gard profond)
[31] sans parler de sa raréfaction, de l’augmentation de la demande, des pollutions, … une Rencontre de Martel récente n’a pu aborder que quelques uns des problèmes associés à cette source de vie.
[32] commission récemment dissoute par David Cameron
[33] issue des laborieuses négociations de l’Uruguay Round (1986-1995), on a toujours l’idée qu‘elle a toujours existé. Revenir quand même sur la note 17 sur O. De Schutter ; de la même maison ?