SYNDICAT DES AVOCATS DE FRANCE
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COMMUNIQUÉ
Prévention du suicide en prison : une politique inefficace
Alors que le nombre des suicides en prison, dix fois supérieur à celui de l’ensemble de la
population, ne cesse d’augmenter (92 depuis le 1er janvier 20091), la nouvelle ministre de la
Justice vient d’annoncer un plan d’action pour la prévention de ce risque, qui se limite à la
reprise de quelques propositions du rapport ALBRAND2 : formation des personnels
pénitentiaires, distribution d’un « kit anti-suicide » aux détenus (pyjamas en papier, matelas
ininflammables, couvertures indéchirables), amélioration de l’accueil des personnes arrivant en
détention ou en quartier disciplinaire et nomination de « détenus de soutien ».
Même si certaines de ces mesures peuvent être utiles, il reste que les dérives sécuritaires de la
politique pénale menée depuis plusieurs années ont conduit à l’augmentation régulière du
nombre de détenus, notamment avec les lois sur la récidive ou les peines planchers, et
constituent la principale cause de l’augmentation des suicides dans les établissements
pénitentiaires, qui ne sera pas réduite par les mesures annoncées par Mme ALLIOT-MARIE.
La surpopulation carcérale et la dégradation des conditions de détention, dénoncées par les
rapports parlementaires de 2000, ne peuvent qu’engendrer un sentiment de désespoir chez les
détenus les plus fragiles, alors que la moitié de la population carcérale souffre de troubles
psychologiques ou psychiatriques.
Les vraies solutions pour réduire les suicides en prison sont ailleurs : juridictionnaliser la
commission de discipline en la faisant présider par un magistrat, donner un pouvoir d’injonction
au contrôleur général des lieux de privation de liberté, réduire la durée des punitions de cellule
disciplinaire, améliorer les conditions matérielles de détention, assurer une meilleurs prise en
charge psychiatrique des détenus, abandonner la politique du tout carcéral.
Par ailleurs, la véritable réforme pénitentiaire est toujours attendue.
Enfin, il est pour le moins paradoxal de constater l’assourdissant silence du gouvernement sur
les observations du premier rapport de Jean-Marie DELARUE, comme si l’institution d’un
contrôle véritable, par une autorité indépendante, des lieux de privation de liberté, n’avait eu
pour seul but qu’un effet d’annonce.
Le SAF déplore que la chancellerie n’ait manifestement pas pris la mesure de la gravité de la
situation dans les prisons françaises, qui appelle une réforme d’ampleur de la politique
pénitentiaire et de la politique pénale et non des mesures ponctuelles au gré de l’actualité.
Paris, le 22 août 2009
Contact : 01 42 82 01 26 saforg@orange.fr
1 Chiffre de l’association Ban Public, la Chancellerie faisant état de 81 suicides depuis le 1er janvier 2009, pour 93 en 2006,
96 en 2007 et 115 en 2008
2 Rapport au Garde des Sceaux, La prévention du suicide en milieu carcéral, commission présidée par le docteur Louis
ALBRAND, janvier 2009 (pour le télécharger, http://www.auboutduweb.com/poolp/index.php?post/2009/08/19/Lerapport-
Albrand-pour-lhumanisation-des-prisons-francaises)