Souillac. « On s’intéresse trop à notre vie privée !» 24/11/09 17:00
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Publié le 24/11/2009 03:51 | LaDepeche.fr
Souillac. « On s’intéresse trop à notre vie privée !»
Société. La Ligue des droits de l’homme tire le signal d’alerte.
«Urgence pour les libertés : les dérives sécuritaires» était le thème de la soirée-débat,
organisée par la Ligue des droits de l’homme,riche et instructive qu’accueillait le cinéma
Le Paris, le 19 novembre.
Jean-François Mignard, formateur-chercheur en
travail social, a présenté un exposé concis en
traitant des dérives qui atteignent la limite
d’alerte, tant sur les libertés que sur les principes
des fondements républicains.
«Le constat de l’asphyxie de la démocratie, la
montée de l’exclusion sociale et des inégalités, les
non-droits des étrangers victimes d’un sort
indigne, l’instrumentalisation de la police et de la
justice, la montée en puissance systématique d’une société de surveillance sont autant d’atteintes aux
libertés de chacun dans un pays qui prône les droits de l’homme et du citoyen.»
»On est fiché partout»
Les discours gouvernementaux sont des répressions au titre de prévention, l’administratif prime sur le
judiciaire, les lois tombent en avalanche, on ne sévit plus le délit mais pour le délit qui va être commis,
le fichage informatique laisse la part belle à l’erreur, la vidéosurveillance est partout, la surveillance
réciproque au nom de l’Etat s’acoquine avec la délation, les systèmes tendent vers l’abaissement de la
protection sociale. Bref, on fait peur d’une main (jeunes, cités, immigrés, grippe, violeur du matin et
voleur du soir, ouvriers en grève…) pour mieux assurer protection et donc obtenir soumission.
Pour François Lautier, enseignant-chercheur en sociologie, «il faut éteindre la télé qui stigmatise et ne
plus se dévoiler sur internet !»Intervenant en entreprises depuis 30 ans, il résume l’évolution du monde
du travail en trois étapes depuis les années 60 : savoir faire, savoir agir et savoir paraître. Aujourd’hui,
il faut être dévoué corps et âme à son entreprise.
La distinction s’affaiblit entre espace public et espace privé et l’individualisation prédomine, ces deux
points tendent vers la destructuration volontaire d’une société. Sans société, il n’y a plus ni solidarité ni
fraternité et l’isolation sociale met en position de consommateur de tout (justice, protection…).
«L’Etat s’intéresse à notre vie privée et on est fiché partout, conclut Francois Lautier en soulignant
qu’individualisation et fragmentation annihilent toute possibilité de résistance sociale».